Le Bug
BUG 2006
Jean-Paul Fitelli
Épinay-sous-Sénart
Deux photographies présentent un moniteur mis à plat comme le patron d’un cube de papier. Un détecteur de mouvement soigneusement dissimulé active les écrans camouflés au centre des photographies. Une vidéo qui met en scène deux hommes et une femme au milieu d’un salon, surgit d’un des deux moniteurs. Un des deux hommes sort du champs et s’installe sur l’écran d’en face, à la table de la régie lumière d’une scène de spectacle. L’homme et la femme, amants, se préparent à un strip-tease sur un quiz musical. Avant la fin du jeu érotique, la machinerie se met à fumer, le son d’une musique techno s’amplifie, les projecteurs s’emballent, les écrans clignotent. Le visiteur, pris en flagrant délit de visionner un film érotique en espace public, se trouve invité à danser au milieu des lumières et de la fumée, au rythme d’une musique endiablée.
Cette installation a pour objectif d’induire en erreur le spectateur sur ce qu’elle lui donne à voir au premier abord. L’oeuvre ne se révèle pas dans son immédiateté, pour attirer le spectateur dans un environnement ambigu difficilement identifiable.
Bug Off
Ornic’art
Palaiseau
Le public est invité à témoigner du vécu d’un bug, d’un couac survenu dans sa vie. Ces expériences intimes sont enregistrées par un des artistes suivant un cérémonial précis. Il est ici question de témoigner du bug faisant partie intégrante de la vie, face à une société sécuritaire.
Certains bugs donnent lieu à des performances dans des lieux publics. Deux personnes de rouge vêtus délimitent un périmètre d’action et procèdent à des situations absurdes, interprétations des bugs sources. L’intervention est filmée et pourra être visionnée lors de la troisième phase du projet.
Les laborantins invitent le public à une visite guidée de leur laboratoire. Ce dernier est modulable et interactif avec le public, l’invitant à déposer son bug, à visionner ceux déjà déposés ou encore à se saisir du kit de ces performances urbaines pour se les réapproprier et les reproduire.
Cyber Dog
France Cadet
Bures-sur-Yvette
Une meute de robots-chiens i-Cybie est présentée au public dans un enclos constitué de grilles Caddie. Deux panneaux d’interdiction sont disposés sur cette cage : sur l’un est écrit « ne pas nourrir ou toucher les animaux », sur l’autre un logo de signalisation illustre cette interdiction. Ces jouets, « les meilleurs compagnons des enfants de l’âge de huit ans et plus » d’après le slogan de leur fabricant, ont l’allure d’adorables pitbulls miniatures.
Les spectateurs observent ces robots qui semblent évoluer normalement dans ce parc. Des bugs apparaissent sous l’aspect d’un message d’alerte. Entièrement reprogrammés par l’artiste, ces robots-chiens perdent par intermittence leurs capacités motrices : certains ne peuvent se déplacer qu’en utilisant uniquement ses pattes avant, d’autres essaient d’avancer en nageant ou en rampant… Toutes sortes de comportements insolites disparaissent comme ils sont apparus.
Dancefloor, opus pour un sourd 2
Émilie Pitoiset
Morsang
Le visiteur est invité à monter sur une estrade circulaire de six mètres de diamètre. Quatre capteurs placés sur la piste de danse détectent sa présence et déclenchent la diffusion des infra-basses de musique empruntées à l’univers des discothèques. Ces vibrations venant du sol interfèrent sur la lumière aux reflets changeants produits par une boule à facettes et les effets d’un stroboscope. Les basses pénètrent les personnes et mettent en vibration l’ensemble de l’architecture du salon du Château de Morsang-sur-Orge. Ce dancefloor est pour l’artiste « une allégorie du processus de captation du son et de la musique que les personnes sourdes ou mal-entendantes ressentent grâce aux vibrations qu’elles procurent sur leur corps ».
Désir d’imprévu
Studiometis
Évry
L’oeuvre, symbole d’une nouvelle forme d’expression artistique appelée VJing, se présente sous la forme d’un environnement composé de mobiliers assurant le confort du public, d’un équipement électronique proposant une interactivité entre l’image, le son, le texte et le public. Situé derrière une vitrine du centre commercial d’Evry, le public est invité à pénétrer dans cet espace de convivialité.
Trois modes sont proposés au public : le contemplatif, la performance et le ludique. Le premier propose un espace méditatif sous la forme d’une diffusion de fondus enchaînés de photos de voyages à travers Evry, accompagnés d’une musique aux sources variées et propices au relâchement. Le deuxième mode permet une interaction en temps réel d’images chronophotographiques, de citations théoriques et de musique, le mixage de l’image et du son se faisant en direct par un VJ. Le troisième mode, ludique, implique une démarche participative. Un joystick est mis à disposition, permettant d’agir sur certains paramètres comme le choix d’une séquence d’images et le rythme de leur diffusion.
Diaporama
Christine Maigne
Communauté de Commune des portes de l’Essonne
Les deux écrans installés dans la médiathèque Simone de Beauvoir d’Athis-Mons diffusent en boucle des points de vue d’Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge et Paray-Veille-Poste. Chaque diaporama est brouillé progressivement par l’apparition d’une limace. Cette dernière finit sa croissance dans une explosion sonore hors-champ. Elle se répand dans le périmètre de l’écran, occultant l’image en arrière-plan. Au centre culturel Raymond Queneau, le visiteur visionne un diaporama sur les mêmes villes. Au fur et à mesure que les images s’enchaînent, des poils grossis poussent et se multiplient sur l’écran. L’image se brouille dans une bande son de crépitements, de bruissements s’apparentant à une croissance. Dès que l’image est totalement noire, une projection démarre à la verticale, sur le public et sur l’écran blanc disposé au sol. L’image du fond a disparu, le public devient le support d’évolution de cette pilosité. Le bug se transforme : l’altération de l’image par un système pileux devient un espace tridimensionnel perturbé, expérience physique vécue par le visiteur.
Drosera
Sandra Foltz
Juvisy, Gometz, Viry
Les lampadaires s’enrhument. Le premier réverbère contaminé est celui de Viry-Châtillon, situé sur le chemin reliant le cinéma Le Calypso au parking. Des éternuements successifs se déclenchent à chaque passage de piétons. L’intensité sonore des éternuements enregistrés impulse une intensité lumineuse par le biais d’un modulateur. Chaque fois qu’un éternuement se fait entendre, le lampadaire s’allume et produit « une éclaboussure lumineuse ».
La contamination se poursuit, comme par l’intermédiaire d’un réseau souterrain, sur les lampes du hall d’accueil du cinéma Varda de Juvisy-sur-Orge situé à quelques pas du premier. A l’intérieur cette fois-ci, les lampes attendent les cinéphiles. L’épidémie se répand sur un des lampadaires doté de jardinières à Gometz-le-Châtel.
En réunion à l’extérieur
Laurent Sfar
Gometz
Cette horloge de quinze heures est suspendue derrière une vitrine de la salle des fêtes de Gometz-le-Châtel. Elle est alimentée par un panneau solaire qui rappelle la mesure du temps traditionnelle : des tâches journalières auparavant organisées suivant le soleil, le cadran solaire et les variations au fil des saisons. Plus tard, avec l’industrialisation et les chemins de fer s’est imposé un découpage calibré des journées. L’apport d’énergie traditionnelle et la forme circulaire du cadran sont les marques de cette évolution historique du temps. On passe d’un standard de vingt-quatre à trente heures. L’utilisation et le détournement de cet objet nous donnent une autre approche du temps. Ils nous ramènent à notre propre conception du temps, à notre quotidien et aux questions d’actualité concernant la réduction du temps de travail, les trente-cinq heures, et ce remaniement du temps pour laisser place à des loisirs.
Le Katamarrant
Karine Maire et Romain Nicoleau
La Norville
Cette oeuvre à deux volets met l’accent sur l’ensemble des catastrophes, des bouleversements et des retournements de situation constituant le processus de création.
Le premier volet est une installation multimédia qui se présente comme une salle de répétition, laboratoire d’expériences multiples, écriture automatique exposant les méandres de la pensée, au service de l’expression de l’inconscient et de l’aléatoire.
Le deuxième volet, restitution d’une fouille archéologique, regroupe une série de madeleines dispersées dans les rayonnages de la bibliothèque. Les unes intactes, les autres restaurées, diffusent un filet bleu et une bande-son. Le son ténu provocant l’écoute d’une oreille tendue vers l’objet. La bande-son « Comment Tatin la tarte », métaphore du vestige, retrace l’histoire d’une invention culinaire survenant à la suite d’un accident.
Séquence erronée
Sophie Solnychkine et Pierre-Jean Grattenois
Épinay-sous-Sénart, Vert-le-petit
Cette pièce monumentale en tricot de trois mètres sur cinq est réalisée conjointement par les artistes et les habitants d’Epinay-sous-Sénart et de Vert-le-Petit. Chacun des participants doit réaliser un ou plusieurs carrés d’après un patron issu d’un programme informatique conçu par Richard Riegert, informaticien, et les artistes. Cette oeuvre fut exposée successivement au centre culturel Maurice Eliot à Epinay-sous-Sénart et la bibliothèque de Vert-le-Petit.
Ce projet étudie les modalités de fonctionnement du bug, en déplaçant cette problématique du contexte des technologies de pointe à celui des techniques artisanales. Il s’agit d’articuler une réflexion artistique contemporaine à l’action auprès des publics locaux, en expérimentant le phénomène d’erreur au sein d’une réalisation artistique associant artistes et participants bénévoles.
Unité 01 : double sonore
Jérôme Abel
Le Plessis-Pâté
Une boîte aux lettres installée sous les arcades de la galerie marchande du Plessis-Pâté capture les sons environnants, les modifie et les rediffuse par un haut parleur. Ces sons réapparaissent transformés, légèrement différés sous la forme d’une lecture à l’envers, en boucle, accélérée, au volume variable. Cette boîte fonctionne comme miroir de la ville, facteur d’une relation instantanée ou encore écrivain public pour l’art contemporain.
Entendre parler une boîte aux lettres crée une situation absurde, incongrue. Le deuxième bug naît de la transformation des sons. La situation de la boîte aux lettre crée une autre perturbation contrariant la fonction première du lieu. Elle distrait les passants, favorise le jeu et la rencontre. Elle occupe un lieu peu propice à une rencontre artistique.