La lumière
Box
Kris Verdonck
Musée de la Lumière et de la Matière, Orsay
Ce dispositif mêle ingénieuries et savants mécanismes afin d’interroger les rapports que le corps entretient avec les objets et les machines. Dans Box, la lumière mise en scène devient aveuglante et sert de mise en garde face aux dangers de certains outils que l’on ne maitrise pas (le nucléaire). Ce paradoxe nous questionne : que sommes-nous prêts à accepter au nom de la connaissance ?
Chlorophylle
Kalos Arnaud
Cette installation interactive montre la silhouette du vivant en négatif habitée de micro-organismes grossis à la lueur d’un microscope. Le corps humain composé de sang se voit habité d’une autre espèce, le végétal.
Les éléments filmés sont des colonies de Volvox qui recomposent le corps. Ici, les liens entre la vie animale et végétale s’accordent à montrer que l’une et l’autre ont certaines structures moléculaires similaires. Le thème de l’hémoglobine et de la chlorophylle sont semblables, l’une assurant le transport d’oxygène et l’autre sa production. L’analogie se fait à travers la couleur et la forme, le vert symbolisant la chlorophylle, la forme cellulaire suggérant l’hémoglobine. C’est par la présence des corps que se révèle la diversité de ces organismes et par la lumière que se fait la couleur : sans lumière, pas de photosynthèse, pas de couleur.
Cosmogonies
Coutas Evelyne
Ces compositions en noir et blanc, au fort contraste, sont de deux sources lumineuses nocturnes : celle produite par l’homme et la lumière naturelle émise par les étoiles. En fusionnant certains composants plastiques du photogramme, cette œuvre se réfère à l’origine de la photographie. Cette séquence est une combinaison de reportages réalisés dans les villes environnantes de l’Arpajonnais, de vues du ciel, de vues aériennes, de cartographies célestes et terrestres. Ces représentations sont proches d’une vision nocturne où les repères spatiaux se confondent .
Dans cette série, l’artiste utilise la surimpression d’images sur rhodoïds pour créer un nouveau rapport au paysage et des paysages nocturnes, emprunts d’histoire et de chimères.
Intuition
Thery Flavien
Cette installation met en oeuvre un phénomène physique : la propagation de la lumière sur des trajectoires telles que la durée du parcours soit optimale malgré que le parcours soit sinueux. Élaborée comme un work in progress, l’expérience montre que le phénomène est tributaire de nombreux paramètres physiques qui peuvent modifier les résultats, comme lorsque la décharge a tout simplement « inventé » le chemin le plus direct, en perçant la matière, prenant un raccourci à travers la paroi-même du labyrinthe… Ainsi l’expérience demeure ouverte à une possible étude qui, en prenant en compte ces paramètres (matières, formes et dimensions, nature et pression du gaz, tension et fréquence électrique…) permettrait de mieux comprendre le phénomène. Ce projet met au jour par inductions réciproques l’image d’une forme d’intelligence complexe. Cette utilisation visuelle d’un phénomène naturel peut ainsi symboliser un cheminement qui ne peut se faire sans obstacles ni détours, et interroge sur la nature potentiellement déterministe des lois qui régissent notre monde.
Je ne trompe pas, j’avertis
Nathalie Hughes
En intervenant dans l’espace public, les artistes souhaitent montrer la temporalité d’un lieu, son histoire et son devenir. Ils détournent les codes de l’éclairage urbain et des enseignes lumineuses pour que le carrefour de l’Eléphant à Palaiseau révèle toutes les empreintes du temps.
Ces couleurs vives, absentes ou contraires à celles que l’on trouve dans la ville, sont utilisées comme avertissement, comme signal. En détournant les codes de la route et de l’éclairage urbain, ils modifient la perception usuelle du lieu. L’idée n’est pas de semer le trouble, mais de « dérouter » comme pour modifier des automatismes. L’intention est d’amorcer le dialogue et de délier les langues en échangeant le code de la route pour celui du langage.
La lumière ne s’arrête pas là
Fonteneau Vachez Cyril
Surmonté d’une antenne télescopique, ce vaisseau lunaire recouvert d’images holographiques diffractant la lumière est une cabine aérotransportable. Ce laboratoire ambulant mêle vidéo, son, texte et hologramme dans un dispositif numérique et interactif, accessible par les hublots prévus à cet effet.
En immersion dans cette capsule appelée « La chambre de Lorentz », les spectateurs assistent à la formation de galaxies, au récit de phénomènes physiques par deux personnages faisant leur apparition à travers des tubes holographiques et à la projection de figures et formules mathématiques en équation et algorithmes. Le spectateur prend alors conscience qu’il participe au spectacle et que sa présence transposée est relative à celle des autres.
Lighthouse
Collectif hehe
De forme sommaire, ce prototype constitué de panneaux photovoltaïques articulés, captant la lumière du jour pour la restituer la nuit en énergie électrique, est le résultat d’une démarche conceptuelle témoignant d’un processus d’adaptation : en imaginant les intégrer à l’architecture, serions-nous prêts à changer de décor ? Quel serait l’impact visuel des panneaux solaires sur notre environnement ? Le projet est utopique et répond à un certain idéal dont l’entreprise est plus compliquée qu’il n’y paraît.
A travers ce module à la forme élémentaire, les artistes ont cherché à mettre en évidence le décalage entre ce désir pressant de voir se développer des objets autonomes en énergie, et les contraintes matérielles et esthétiques qu’imposent ces panneaux solaires, noirs et sans courbes.
Nocturnes chromatiques
Semeniako Michel
Dans cette série photographique, l’artiste irradie le paysage urbain de couleurs pures et saturées. Sa démarche consiste à « revisiter l’espace avec la lumière ». Il propose, ici, « une réappropriation de l’espace, que chacun puisse au-delà de la vision conventionnelle, refaire le monde suivant les couleurs qu’il ressent ».
Il utilise la technologie des LED et un long temps de poses répétées afin de « repenser la ville la nuit » et de « donner une profondeur de temps aux images ». Il montre une autre réalité à la fois familière et surnaturelle par l’artifice de la couleur. Il réinvente une histoire locale en remodelant des sites patrimoniaux, des bâtiments industriels, des habitats individuels ou collectifs par le badigeon des façades de couleurs flamboyantes.
Persistance du cadre II
Bertha Philippe
A travers la diffusion de fumées en nuages de poussières et sur un fond sonore à la fois ténu et persistant, des images se distinguent ou se voilent dans l’obscurité. Cette perspective atmosphérique est accentuée par un axe de construction partageant l’espace en deux en sa diagonale. Cette construction savante reprenant les règles de composition du nombre d’or a été élaborée in situ.
L’artiste utilise la lumière comme matériau pour bousculer les limites de la représentation. Cette installation dont l’axe centrale est la perception visuelle, s’inscrit dans une problématique contemporaine exposée par l’auteur : « comment des effets de la lumière choisis peuvent impressionner l’oeil et rendre visible même ce qui reste dans l’ombre ».
Refuge existentiel
Junod Ponsard Nathalie
Des projections de lumières viennent inonder l’espace publique, de manière alternative. Le mouvement répétitif du rayonnement, l’allumage ainsi que l’extinction du « sémaphore » sont programmés et agissent comme un repère dans la ville, un phare envoyant des signaux, à la tombée de la nuit. Interpellés, les passants se confrontent à une forme d’illusion d’intérieur habité et éclairé sans âme qui vive. La nuit venant, l’espace intime de cet intérieur prend l’allure d’un décor modelé par des glacis de tons chauds. Très vite, ce regard est rejeté par le retour d’un éblouissement momentané. Les repères de l’éclairage public sont inversés. Le travail de la lumière interroge les limites de l’espace et de sa représentation, entre intérieur et extérieur, sphère privée et publique.
Sous chaque arbre, une feuille
Evelyne Coutas
L’artiste revisite le photogramme pour révéler ce qui est de l’ordre de la substance et de l’insaisissable. Ce dispositif photographique fait intervenir le papier photosensible qui réagit à la lumière naturelle en fonction des corps posés et déplacés. Evelyne Coutas exploite les propriétés de ce papier dans sa relation à sa substance même du sujet et joue avec le temps d’exposition pour obtenir des contrastes tantôt durs, tantôt nuancés. Grâce au contact direct de la feuille sur le papier, l’objet fait écran à la source de lumière et s’imprimer en négatif ou demi-teintes selon les temps de pose et d’insolations répétées. La source de lumière est ici outil et matière. Cette série retrace le parcours d’un geste élémentaire, celui de récolter les variations d’intensités de lumière.
Waiting Area
Junod Ponsard Nathalie
L’artiste a transformé l’Espace culturel du Moulin des Muses de Breuillet en un volume monochromatique en modifiant à la fois l’intensité et la couleur de l’éclairage existant. Le temps de l’exposition, visiteurs ou employés du soir se retrouvent à vivre dans un bleu indigo-violet profond. Selon l’artiste, « ce bleu est abordé comme une coloration maximale du site, il absorbe l’intensité lumineuse du lieu » comme pour l’inspirer à nouveau. Elle transforme l’espace du quotidien en lieu de représentation. Le bleu agissant comme tranquillisant, « le visiteur est métamorphosé physiologiquement, comme sous sédatif ». Il perçoit le temps ralentir. La lumière d’ordinaire dynamisante, trouve ici son effet inversé, comme sur une aire de ralentissement. Ici, ce sont les effets physiologiques et psychotropes de la lumières qui sont mis en jeu.